Wings Over Greenland II - The Icecap Circumnavigation
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Du 19 avril au 16 juin 2016
Wings Over Greenland II - The Icecap Circumnavigation
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L'Allemand Cornelius Strohm et le Français Michael Charavin signent un itinéraire exceptionnel au Groenland, nouveau record mondial de la plus longue distance jamais couverte à ski... Expédition Wings over Greenland II - The circumnavigation project 2014.
5067 km
Parcourus en kite-ski à travers les glaces du Groenland
En 58 jours pleins
De la mer à la mer
En totale autonomie
Clichés C. Strohm / M. Charavin
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5067 km, 58 jours. La plus longue distance jamais réalisée à ski. Wings Over Groenland II, 2014, Michael Charavin et Cornelius Strohm. Départ et arrivée au niveau de la mer, dans le Qaleraligd Fjord, près de Narsaq, sud Groenland.
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16 avril 2014, village de Narsaq, extrémité sud du Groenland. Les pulkas ont été chargées : tout notre équipement a pris place dans les 1500 L que peuvent contenir nos traineaux. L'incertitude demeure sur l'etat de la banquise côtière au fond du fjord Qaleralik, où doit se faire la dépose par bateau. Après le coup de vent d'aujourd'hui, sera-t-elle encore en place, pourra-t-on y prendre pied et rejoindre par la glace de mer le front du glacier ?
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19 avril 2014, Jour 1. Après avoir zigzagué à travers des bancs de glaces dérivantes, le bateau nous dépose avec nos 360 kg de matériel et plus de 65 jours d'autonomie sur la banquise du fjord Qaleralik, à 1.6 km du front du glacier... Inch' Allah !
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19 avril 2014, Jour 1. Front du glacier Qaleralik par lequel nous devons accéder à la calotte glaciaire. Nous tractons chacune de nos pulkas à deux, dans une pente de neige raide donnant accès à la langue glaciaire. Le hissage des traineaux se poursuit ensuite en deux aller-retour, jusqu'au même point où nous avions installé notre 1er camp en 2008. 7 heures d'effort, 3.7 km parcourus, 160 mètres de dénivelé avalés. Toujours ça de pris. Nous nous couchons éreintés...
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20 avril 2014, jour 2. Pas de vent, et des pentes toujours relativement soutenues. Aujourd'hui encore, nous hissons nos pulkas une à une, avec pour seul objectif, gagner de l'altitude afin de se positionner plus favorablement et tenter "d'accrocher" les petits vents catabatiques qui s'écoulent le long des langues glaciaires
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20 avril 2014. Nous montons notre second camp à 390 m d'altitude après avoir parcouru 3.2 km supplémentaires...
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Aérologie complexe
26 avril 2014, 62° de latitude Nord. 7 jours déjà que nous avons quitté la côte du Fjord Qaleraligd, à l'extrême sud du Groenland. Et seulement 182 km de parcourus sur les 5 000 projetés...
Dans l'après midi, les vents sont quasi inexistants. Du moins sur cette partie de la calotte. Aussi sommes nous quotidiennement contraints à une pause plus ou moins longue entre l'essoufflement du catabatique précédent et l'arrivé du nouveau. Un break qui a lieu aux heures les moins hostiles de la journée. Mais comme nous ne souhaitons pas nous offrir le luxe de monter la tente pour une durée toujours incertaine, cette pause – qui parfois s'éternise - se fait « au grand air », adossés à nos pulkas...
A cette période de l'année, persiste encore une véritable nuit : certes courte (environ 4 à 5 heures), mais totalement noire, marquée par un fraîchissement des températures et une influence incontestable sur l'aérologie des lieux : le refroidissement nocturne génère un écoulement plus consistant de l'air à la surface de la calotte, cela dés 19 h, et jusqu'à 10 heures le lendemain. Les fameux vents catabatiques.
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Connaisseurs (voir page Wings over Greenland I - 2250 km en Snowkite à travers les glaces du Groenland), nous sommes conscients de la nécessité de mettre en œuvre des solutions inédites afin de « grappiller » de précieux kilomètres sur cette partie la moins ventée de la calotte. Nous sommes donc équipés de puissantes lampes frontales.
Nous ne multiplierons pourtant pas les sessions par nuit d'encre (nous en ferons deux, dont une dans des giboulées de neige, propulsées à l'horizontale dans le faisceau lumineux de nos frontales. Ambiance...), qui sur les plans de la gestion de la concentration, du risque, de la régulation thermique, sont tout de même compliquées.
Nous sommes donc pour le moment dans un entre-deux, avec les inconvénients que cela génère : une progression nulle ou poussive les après-midi, des créneaux plus efficaces mais resserrés en soirées, une tension grandissante quand s'en vient l'obscurité... Dans ces circonstances, trouver un rythme n'a rien d'évident. Et à cette vitesse là, il nous faudra 200 jours pour boucler la boucle !
Nous rongeons notre frein... Mais nous savons que ces premières centaines de kilomètres sont précisément les plus difficiles à gagner.
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29 avril 2014, jour 11. Nous attendons délibérément que les vents se renforcent pour démonter le camp et nous lancer dans un run musclé...
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Riding on the storm !
29 avril 2014, jour 11, latitude 65° N, km 505.
Marc, notre routeur météo, nous prévient depuis quelques jours de l'arrivée imminente d'un fort coup de vent. Ce matin, son message - que nous recevons via le modem du téléphone satellite ne souffre aucune ambiguïté : « Faites votre journée le plus tôt possible, pendant que les vents sont modérés, et soyez prêts, tente bien arrimée, lorsque le blizzard fondra sur vous en fin de journée ».
Bien sûr, nous prenons son conseil très au sérieux. Mais nous savons très bien ce que nos voiles « tempête » nous autorisent et nous permettent : progresser rapidement dans le « gros temps » ! Aussi, prenons nous l'option inverse : attendre délibérément que les vents se renforcent pour démonter le camp et nous lancer dans un run musclé...
Nous progressons rapidement de 55 kilomètres sous voile Beringer 8, par 50 km/h de vent établi. A la troisième heure, les conditions se durcissent encore pour devenir dantesques : alors que nous venons d'ajouter 15 nouveaux kilomètres à notre compteur tout en ayant pris soin de réduire d'un tiers la toilure, se pose brusquement, sous des rafales atteignant maintenant 70 km/h, la question de la préservation du matériel :
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du fait du poids tracté (180 kg de matériel chacun, auquel s’additionnent les 80 kg du skieur) et de la forte friction des pulkas sur la neige, les suspentes de nos voiles absorbent un pourcentage important de l'énergie éolienne et encaissent des forces colossales. Le risque de déchirure n'est plus négligeable.
Un autre paramètre nous préoccupe également : nous savons que plus nous repoussons le montage du camp, plus il deviendra délicat.
Et en effet, le « combat » commence véritablement dés lors que nous prenons la décision de stopper notre progression. Nous bataillons une heure et demi durant, avant de pouvoir nous réfugier sous la tente...
Aussi, prenons nous l'option inverse : attendre délibérément que les vents se renforcent pour démonter le camp et nous lancer dans un run musclé...
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30 avril 2014, jour 12. Tempête.
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Confiance, patience, prudence et détermination...
30 avril 2014, jour 12. Ce sont les mots que nous adressent Sylvie ma compagne. Ceux-ci n'ont pas tous une valeur identique dans notre contexte.
La détermination est la pierre angulaire d'une expédition longue et ambitieuse. Avoir pour objectif de progresser de plus de 100 km, tous les jours, quelque soient les conditions, exige d'être opiniâtre, constant, résolu, voire acharné. Pour tous les jours, sortir du duvet et se mettre en ordre de marche - ce qui prend un temps fou, au delà de ce qu'on peut bien s'imaginer. Pour grappiller des kilomètres supplémentaires alors que l'on a déjà sa dose d'efforts quotidiens, de contraintes de toute sorte, les pieds en « bouillie » et que l'on n'aspire plus qu'à se « poser » à l’abri sous la tente.
Dans notre contexte, la prudence est probablement la notion la plus ambiguë. Il est évident que nous devons l'être. Et nous le sommes, dans le sens où nous mesurons assez précisément les incidences de chacun de nos comportements, de nos décisions. Mais pour autant, la prise de risque (le corollaire de la prudence) est aussi une appréciation très personnelle. Et qui, par conséquent, diffère souvent entre nous...
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Notre « home sweet home » est aujourd'hui bousculé par le « maelström » furieux qui se répand sur l'inlandsis. Pourtant, la question de lever le camp taraude régulièrement nos pensées. Impatience... ou mauvaise conscience ? Mais que l'un de nous commence à formuler cette vague opportunité, et les corps se rebiffent immédiatement : l'énergie nécessaire à déployer pour lever un camp dans la tempête a raison de nos volontés surmenées. Dommage ? Pas sûr, car en cette fin de journée, le vent dépasse encore les 60 km/h en rafales, la visibilité est nulle, l'air humide nous aurait rapidement transformé en glaçons...
La détermination est la pierre angulaire d'une expédition longue et ambitieuse
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1er mai 2014, jour 13. Lever le camp est une opération longue, répétitive et un peu fastidieuse. Notamment les jours où souffle un vent soutenu. Ici, après 36 heures de tempête...
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1er mai 2014, jour 13. Au kilomètre 120 de ce jour, nous repérons un point sur notre horizon nord. Enfin un objectif sur lequel le regard peut se fixer ! Environ 10 km plus loin, nous atteignons la base radar désaffectée de DYE2 : ce bâtiment impressionnant, qui semble tout droit sorti d'un film de science-fiction, rappelle la position hautement stratégique du Groenland durant la guerre froide...
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... Cette base faisait alors parti d'un vaste réseau de surveillance du ciel appelée DEW Line (pour Distance Early Warning Line - en français Ligne avancée d'alerte précoce...) dont la fonction était de détecter un éventuel mouvement de missiles russes en direction des Etats-Unis. En 1988, l'armée américaine abandonne la base et la laisse telle quelle...
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Nuit du 5 au 6 Mai 2014, jour 17-18. Fin de session par -30°C.
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« Travailleurs de nuit » ...
Nuit du 5 au 6 Mai 2014, jours 17 & 18, latitude 70° N, km 1025.
Les jours passant - et les nuits disparaissant -, nous ajustons toujours plus notre rythme de progression sur les heures crépusculaires : à cette latitude, le soleil n'en finit plus de raser l'horizon, avant de disparaître dans un ultime flamboiement. Au largue dans un catabatique naissant, nous filons bon train, dépassant parfois les 50 km/h. Sentiments mêlés de vitesse, de puissance, de concentration. De vulnérabilité aussi...
Il n'y a désormais plus besoin des frontales, même aux heures les plus sombres. Mais la luminosité reste limite. Le vent, lui, en ces heures froides, prend systématiquement des « tours » et soulèvent des panaches de neige de plus en plus épais. Nos masques de ski se couvrent de givre, le champ de vision se restreint, les détails s'estompent, nous progressons désormais dans un univers flou et embué. 103... 104... 105... Débute le compte-à-rebours des kilomètres qui nous séparent encore de l'étape. Combien pour cela ? Le compagnon aura-t-il la même appréciation des choses... ?
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A l'arrière, l'esprit se réfugie dans la torpeur des songes... A l'avant, en position d'« ouvreur », pas d'autres choix que de kiter masque de ski relevé, pour pouvoir lire cap et relèvement sur les écrans de nos GPS : le vent glacial nous brûle les yeux. Nous tentons de nous protéger en ramenant les capuches de nos vestes au plus près de nos visages, pourtant déjà emmitouflés sous les couches superposées des cagoules intégrales. 117... 118... 119... Progresser, encore...
3 heures du matin, kilomètre 127, la réapparition du disque solaire sur l'horizon nord-nord-est signe la fin de la session. Nous montons le camp dans un vent de 40 km/h, il fait -30°C, la température ressentie est de - 47°C...
Au largue dans un catabatique naissant, nous filons bon train, dépassant parfois les 50 km/h. Sentiments mêlés de vitesse, de puissance, de concentration. De vulnérabilité aussi...
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Par des températures proches de -30°C, avec 40 km/h de vent [température ressentie -47°C], il est impératif de s'isoler du mieux possible : Grosses salopette et vestes en duvet viennent se rajouter aux couches précédentes déjà composées de sous-vêtements, polaire, salopette et veste gore-tex ; Tête : superposition de 2 voire 3 cagoules intégrales, protège-cou, masque de ski, casque. Mains : jusqu'à 2 paires de sous-gants, 1 paire de grosses moufles en plume ou matériaux synthétiques, 1 paire de surmoufles Pieds : hautes surbottes en néoprène épais sur les chaussures de ski. Chaque jour, s'habiller nous coûte un temps important. Un peu le sentiment d'être des cosmonautes qui s’apprêtent à sortir dans l'espace. Une fois en progression, nous devons nous habituer à une liberté de mouvements et un champ de vision passablement réduits...
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Jour 27. Terrae incognitae. En 2008, lors de notre traversée sud-nord du Groenland, nous n'avions pas dépassé la latitude de 78° N. Maintenant au delà, nous laissons à notre sud-ouest le village de Qaannaaq et son hameau satellite Siorapaluk (68 habitants, latitude 77.8), le plus au nord du Groenland (et de l'Arctique nord-américain ?). Notre arrivée en Terre de Knud Rasmussen (du nom du célèbre explorateur dano-groenlandais), à l'extrémité nord-ouest de l'inlandsis, marque une nouvelle étape de l'expédition : l'entrée dans un territoire qui nous est désormais inconnu. D'autres expé à ski ont évidemment déjà parcouru cette partie de la calotte avant nous, mais elles sont très peu nombreuses. Nous installons le camp à proximité de la station météorologique automatique Humboldt-G.
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Rythmes et prises de décisions...
Notre rythme de progression et de vie sont tous deux clairement lié aux conditions météo. Il n'ont donc rien de définis, de déterminé par avance. Et c'est là une difficulté : à nous de nous adapter, d'être malléables. Une journée pourra s'étirer sur 30 heures si le vent autorise une bonne progression. Mais une période de repos entre deux étapes pourra aussi être très courte si les conditions ne sont pas propices et qu'il faut essayer de tirer profit des créneaux les moins mauvais...
Mais les rythmes diffèrent aussi entre nous. Un pourra avoir besoin de plus de sommeil, un sera "plus du matin", l'autre du soir ; l'un aura envie de s'arrêter, l'autre de poursuivre... Sous voiles également, les rythmes sont rarement tout à fait identiques. Nos poids diffèrent suffisamment pour que l'on n'ait jamais tout a fait le même ressenti sous une même aile : lorsque l'un est bien toilé, l'autre se sent souvent surtoilé. Et lorsque l'autre est bien toilé, le premier se sent souvent sous-toilé... Or, ces petites différences ont une incidence sur le choix de l'allure et du cap suivi, sur la vitesse de progression.
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Et des vitesses de progression même légèrement différentes ne sont pas toujours simples à gérer, surtout pour celui qui se trouve derrière (qu'il aille d'ailleurs plus vite ou plus lentement que le premier)... Tout est donc question d'ajustement permanent en matière de rythme...
De la situation météo observée ou annoncée (Marc, notre routeur, nous adresse quotidiennement un bulletin détaillé), des analyses que chacun se fait des situations découlent des souhaits, des choix et des prises de décisions. Pas toujous évident d'être au diapason ! Pas facile non plus de faire les bons diagnostics et donc les bons choix. Nous tentons en permanence de décrypter le fonctionnement aerologique de la calotte, mêlant nos observations, nos connaissances, les prévisions annoncées. Mais force est de constater que le système est complexe. Et il nous arrive fréquemment de nous fourvoyer totalement dans nos décisions.
Il y a deux jour, nous sommes restés sous la tente alors que nous aurions peut-être pu exploiter un vent faible et grappiller les kilomètres.
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Ce matin, après avoir peu dormi, nous avons décampé, pour constater que les 10-12 km/h de vent mesuré au sol n'était pas plus élevé 50 mètres plus haut, et que par conséquent, nos voiles ne tractaient pas. Nous avons replanté le camp 300 mètres plus loin que la veille...
Il n'y a quasiment pas d'air aujourd'hui à notre position. C'est suffisamment rare pour nous l'evoquions. Les previs pour les jours à venir ne sont pas les plus rassurantes. Le maelström est davantage dans nos pensées que sur la glace...
Il nous arrive fréquemment de nous fourvoyer totalement dans nos décisions.
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Jour 30. N81, W40 : ce sera le point le plus au nord de notre expédition. Nous avons parcouru près de 20 degrés de latitude depuis le départ (en 30 jours) et nous sommes maintenant à 1005 km du pôle nord (nous sommes donc plus au nord que la pointe nord de l'Archipel du Svalbard).
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Au Nord
18-19 mai 2014, jours 30-31, latitude 81° N, km 2479.
Nous sommes entrés aujourd'hui dans l'immense Parc National du nord-est du Groenland - sa superficie avoisine celle de l’Égypte ! Parvenus à la position N81 W40, nous avons atteint le point le plus nord de notre expédition et parcouru près de 20 degrés de latitude depuis le départ. 1005 km nous séparent du pôle nord.
Situés à près de 120 km de l'extrémité nord de l'inlandsis, nous pensions pouvoir distinguer les reliefs des Terres de Peary, de Freuchen ou de Wulff sur notre horizon nord. Malheureusement, le vent soulève trop de neige autour de nous pour permettre une visibilité suffisante.
1005 km nous séparent du pôle nord.
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Les préparatifs du départ au plus froid de la "nuit" reste un moment délicat car même sous la tente, les températures plongent. Nous décampons vers minuit (photo prise vers 22 H ; le soleil reste haut sur l'horizon à cette latitude). Un fort vent d'ouest-sud-ouest balaye la zone et soulève la neige au sol, générant une congère de 50 cm de haut et env 7 m de long à l'abri de la tente...
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Terre du Roi Frederik VIII, secteur nord-est de l'inlandsis. La progression y est difficile tant les sastrugies y sont légions et peu amicaux. La calotte prend des airs de labours, ou bien de clapot figé par le froid. Selon la direction du vent du moment et notre cap, nous franchissons ces marches de glace dans leur largeur dans un éternel effort d'avalement et d'amortissement, ou bien slalomons dans une recherche continuelle des passages les moins chaotiques.
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Sastrugies vertigo
25 Mai, jour 37, latitude 77° N, km 3017.
Déjà plus de 500 km parcourus sans trêve sur ce terrain cabossé, sur cette « tôle ondulée » des hautes latitudes [avec une distance ininterrompue de 900 km, ce sera finalement la plus grande zone de sastrugies que nous aurons rencontré]. Un paroxysme en la matière, en nombre, en hauteur, en formes...
C'est avec nos plus grandes voiles que nous pourfendons cette armée de Trolls. Bien toilés, nous progressons voiles calées, déboulant à près de 25 km/h durant des heures sur ces obstacles que nous prenons par le travers. Les spatules fracassent les trains de vagues gelées, les carres tranchent dans le vif, les cuisses et les genoux encaissent, les pieds dérouillent, les pulkas jaillissent à tout instant. C'est la « guerre » !
Tout le matériel embarqué est ainsi soumis a l'épreuve du frottement mille fois répété. C'est bien simple : nous n'avons jamais autant « bousillé de matos » qu'ici ! Les premiers temps, on s'empresse de reboucher le moindre trou. Avec les semaines, on ne peut que faire le constat que nous ne gagnerons pas cette bataille là ;
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en effet, ceux-ci sont partout ; les plus petits - mais les plus pervers - font leur « nid » dans les dosettes de chocolat en poudre du petit déjeuner.
Ce dernier en profite pour quitter l'emballage dans lequel il est confiné depuis trop longtemps pour rejoindre le reste des aliments, qu'il enrobe alors délicatement ; cela fait, il contamine le reste des sacs qui n'ont plus d'étanche que le nom, puis le fond des pulkas. Un bonheur... La gamme des trous de taille moyenne prolifère sur tous les sacs et quelques uns d'entre eux ont même entrepris de visiter nos voiles ! Les plus gros aèrent assez efficacement les sacs pourtant ultra résistants de nos pulkas.
Bref, tout objet « dur » creuse dans plus mou que lui...
Face à cette irrémédiable dégradation, on apprend à relativiser et à se détacher : une partie du matériel doit être considéré comme « consommable » et ne pourra resservir. On est davantage inquiet pour l'électronique (même si nous avons pris soin de le protéger efficacement) et le réchaud restant. À tel point que le matériel indispensable a pris place dans un sac à dos, le temps que le terrain retrouve un aspect moins chaotique...
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Les organismes ne sont pas non plus vraiment à la fête avec ce régime « shaker ». Même s'il se combine à une « usure » progressive et irrémédiable après plus de 30 jours de progression et à une exposition aux températures froides depuis plus de deux semaines, un signe est révélateur : nous mangeons et dormons d'avantage depuis quelques jours, alors même que nos distances quotidiennes se sont réduites. Quant à ces dernières, nous aimerions faire mieux, mais force est de constater que nous n'y parvenons pas : c'est finalement l'état de surface du sol qui définit les règles du jeu...
C'est avec nos plus grandes voiles que nous pourfendons cette armée de Trolls. Les carres tranchent dans le vif, les cuisses et les genoux encaissent, les pieds dérouillent. C'est la « guerre » !
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Jour 36. Incroyable ! Nous avons la chance de croiser l'improbable : des traces d'ours polaire au cœur de l'inlandsis, si loin de toute côte... Bien que ces animaux sont capables d'une autonomie hallucinante - nécessaire dans ces régions - il n'y a absolument rien à manger dans les parages. Nous estimons à environ 200 km la distance la plus courte à la côte (la baie Jokelbukten, à l'est de notre position). Et si, naïvement, nous tenons compte du cap suivi par l'animal (et à en croire ses traces, l'animal avait l'air plutôt bien décidé à prendre cette direction), il devrait avoir le double de distance à parcourir pour retrouver les prochaines côtes situées dans notre nord-est, dans le secteur du fjord Danmark, sur la Terre du Prince Christian...
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Depuis quelques centaines de kilomètres déjà, nous progressons sur un terrain relativement ondulé. Dans les Terres du Roi Frederik VIII déjà, nous avions le sentiment de traverser de vastes cuvettes, sans toutefois savoir dans quelles mesures cette impression n'était pas exacerbée par les effets de perspectives et de diffraction de la lumière sur l'horizon. Notre passage en bordure des Terres de la Reine Louise fut marquée par de vastes ondulations alors que nous commencions à regagner progressivement de l'altitude.
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Jour 41. Déjà plus de 800 km parcourus sans trêve sur ce terrain cabossé, cette "tôle ondulée" des hautes latitudes. Aujourd'hui, nous croisons les plus gros sastrugies que nous n'ayons encore jamais vu : des "monstres" dont les flancs s'élèvent parfois verticalement sur 60 cm de hauteur. Pas question d'y aller frotter ses spatules de trop près ! Dans des risées de 40 km/h, nous louvoyons, cherchant un passage moins chaotique entre ces édifices de neige très compacte et dure, attentifs à la position de nos voiles et au relief sous les skis.
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A en perdre son latin...
27 Mai, jour 39, latitude 75° N, km 3174.
Nombre de jours de progression, nombre de camps, date du jour... Tout cela est parfois un peu confus dans nos esprits. Nous sommes bien incapables de dire quel jour sommes nous - cela n'a aucune incidence sur notre emplois du temps. Mais, plus étonnant, nous perdons aussi progressivement les repères temporels au sein même de la journée.
Notre rythme quotidien s'étire sur 28 ou 30 heures environ. Sans être un choix parfaitement calculé ou décidé, il semblerait que ce soit tout simplement le meilleur compromis efficacité / repos. Une étape (la phase de progression proprement dite), surtout si elle est longue, occupe entre 1/3 et une moitié de journée normale (de 24 heures). Les phases intermédiaires de montage et surtout de démontage du camp, mais également les repas pris sous tente (classiquement, dîner et petit-déjeuner ; mais ces derniers temps, dans le tiers nord du Groenland, parce que l'exposition aux températures basses est une épreuve réelle pour les organismes, nous prenons également le déjeuner sous tente, avant le démontage du camp et nous limitions alors à des pauses très courtes pendant la progression...) sont également chronophages. Reste le temps dévolu au sommeil, au repos et à la communication.
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Les premières semaines, il est envisageable de réduire un peu les temps de sommeil et de repos pour réinvestir ce temps ailleurs, notamment dans la progression, ou tout simplement pour parvenir à rester dans un rythme de 24 heures. Après un mois d'effort, cela devient beaucoup plus complexe : les phases de récupération ne sont plus tout à fait facultatives... Dans ces conditions, 24 heures ne suffisent plus pour assurer un équilibre entre les différentes phases, et c'est donc très naturellement que la durée de la journée s'allonge. Cela est évidemment grandement facilité par l'absence de nuit.
Nous ne sommes toutefois pas totalement libérés des contingences temporelles. Une entité extérieur continue de donner son tempo, encore et toujours : c'est l'aérologie. Cette dernière est tout à la fois rythmique (les vents catabatiques, essentiels à notre progression, restent plus forts aux heures les plus froides) et arythmique (les vents d'origine météorologique suivent des rythmes plus aléatoires et complexes, indépendants du rythme circadien).
Notre rythme de plus de 24 heures nous fait ainsi perdre régulièrement de bons créneaux de vents catabatiques car nous ne parvenons pas à nous calquer systématiquement dessus...
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Mais la présence, la force, la direction du vent restent de toute façon des phénomènes complexes que l'on a bien souvent du mal à appréhender avec justesse, en dépit des infos précises que nous envoie chaque jour notre routeur.
Bref, nos rythmes physiologiques diffèrent suffisamment du tempo propre à l'environnement dans lequel nous évoluons pour rendre illusoire toute tentative d'instaurer un timing stable. Et plus que de progresser aux heures les plus froides (la « nuit ») ou de se coucher en milieu de « journée », le plus déroutant est finalement d'être constamment décalés de quelques heures par rapport au jour précédent ; surtout si, opportunité aérologique oblige, le décalage a lieu dans le sens inverse du décalage systématique habituel...
On finit vraiment par en perdre notre latin, au point qu'il devient difficile de se souvenir à quelle heure nous avons débuté ou fini l'étape ou notre « nuit » de sommeil. Vous l'aurez compris, nous sommes bien déphasés !
Une entité extérieur continue de donner son tempo, encore et toujours : c'est l'aérologie.
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130 des 153 kilomètres parcourus ce jour l'ont été sous Beringer 8, par un fort vent chasse-neige de 40 à 50 km/h (magnifiques lumières au départ de l'étape vers 3 heures du matin), d'abord dans une allure un peu exigente car légèrement au prés, puis plus favorable car portante.
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Jour 43. Montagnes de la Terre du Roi Christian X. Cela fait près de 35 jours que nous n'avons pas aperçu le moindre bout de "terre"... Entre la côte orientale du Groenland et l'inlandsis, du 74eme au 66eme parallèles, sur une distance d'environ 1400 kilomètres, cours une continuité de massifs montagneux tous plus impressionnants les uns que les autres. Isolée de tout, d'un caractère extrêmement sauvage, méconnue même des Groenlandais, cette région, probablement la plus emblématique du pays, compte quelques joyaux qui répondent entre autres aux noms d'Alpes de Stauning, de Watkins Bjerge (où se trouve le point culminant du pays, à 3693 m), de Schweizerland...
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Combien d'humains ont eu la chance d'admirer la vue de ces montagnes depuis la calotte. Y en a-t-il d'ailleurs eu depuis la rencontre des expéditions scientifiques de Paul Emile Victor (en weazel) et de H.R.Katz (en traineaux), en 1951, au Nunatak Cecilia ? Et combien de personnes sont arrivées jusque là en skis ??
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Le défi est très de toute évidence le moteur de l'expé. Et dans un tel contexte, les sources de satisfaction immédiate ont tendance à se retrouver dissimulées derrière la gestion permanente de contraintes, de certains risques aussi, et plus pernicieusement encore derrière les enjeux.
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Plaisirs, contraintes & enjeux...
5 juin 2014, jour 48, latitude 68° N, km 4013.
Ce soir, dans un courriel reçu par satellite, ce message : « A-t-on du plaisir dans une pareille expédition ou y a t il tant de contraintes et de risques à chaque instant que l'on est « en stress » ou sur ses gardes 24H/24 ?? »
Éléments de réponse...
Les semaines passant, les kilomètres s'accumulant, nos esprits sont naturellement toujours plus tendus vers l'objectif (fixé il y a de cela quelques années déjà). Au dépend, parfois, d'un certain détachement, d'une capacité à apprécier chaque instant ou à prendre du recul sur notre propre situation.
Le défi est de toute évidence le moteur de l'expédition : une telle aventure est indissociable d'un certain esprit de performance et de compétition. Et dans un tel contexte, les sources de satisfactions immédiates sont bien souvent éclipsées par d'autres contingences : la gestion permanente de contraintes fortes, de certains risques. L'expérience, la connaissance des types de terrains traversés et des techniques employées n'y changent pas grand chose :
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nous composons au quotidien avec une tension diffuse, mais de toute évidence omniprésente.
Les enjeux d'une telle expédition, bien que personnels, très subjectifs et, en définitive, insignifiants une fois sortis de leur contexte, génèrent également un stress irréfutable qui va, c'est certain, à l'encontre du plaisir immédiat.
Alors, incapacité de circonstance aux plaisirs immédiats ? Pas tout à fait exact... mais pas tout à fait faux non plus. Pour mieux comprendre, il faut bien se figurer l'état d'esprit dans lequel nous nous trouvons:
- Il s'agit d'une « entreprise » encore jamais réalisée jusque là. Et en cela, elle comporte ses propres incertitudes ;
- au-delà de la circumnavigation proprement dite, nous nous sommes - discrètement - fixés un objectif majeur ambitieux : tenter de réaliser le plus long voyage jamais entrepris à ski en totale autonomie ;
- enfin, nous nous retrouvons, de façon plus ou moins consciente et assumée, dans une forme de compétition plus prononcée qu'à l'accoutumée, puisque nous sommes 3 équipes différentes à tenter ce challenge en même temps.
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Une chose est certaine cependant : si l'ampleur du défi nous place plus souvent dans un mode « combattant » que contemplatif, nous continuons tout de même et heureusement à nous émerveiller des lumières uniques, du « chant du vent » sur la glace et de l'apparition, même lointaine, de montagnes inconnues ; à nous étourdir d'espaces, de vide, d'absolu.. Et c'est bien ce qu'il restera, profondément ancré en nous, à l'issue de ce voyage « hors du monde ».
Le défi est de toute évidence le moteur de l'expédition : une telle aventure est indissociable d'un certain esprit de performance et de compétition
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Jour 51. Le soleil rasant illumine les volutes de neige soufflée d'un or scintillant. Pour la dernière fois probablement [nous sommes encore quelques minutes d'arc au nord du cercle arctique, latitude précise à laquelle le soleil se maintient au-dessus de l'horizon une seule fois par an, au solstice d'été], nous pouvons le voir infléchir sa course au-dessus de l'horizon avant de remonter.
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À environ 150 km dans l'est-nord-est, on distingue assez nettement la forme reconnaissable du Mont Forel (3380 m), point culminant du massif du Schweizerland...
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Jour 53. Misant une fois encore sur le catabatique nocturne, nous decampons en soirée, vers 22H30. Un peu avant minuit, le soleil passe sous l'horizon, pour réapparaitre une petite heure et demie plus tard.
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Finish rock'n'roll !
15 juin 2014, jour 58, latitude 61° N, km 5067.
Il est 4H30 ce matin lorsque nous montons le camp après une étape de plus de 11 heures de progression quasi ininterrompue. Enfin sous la tente, nous lisons la dernière prévision météo : Marc nous annonce sans détour qu'il faut tenter d'en terminer dans les prochaines 20 heures, sous peine de nous voir « engluer » dans une pétole de plusieurs jours. Au lieu de nous glisser dans nos sacs de couchage que nous venons tout juste de déballer, nous prenons la décision de boire un café, de démonter le camp et de repartir sur le champ.
Des lacs de fonte d'un magnifique bleu outremer se sont formés dans les cuvettes. Nous sommes arrivés à une altitude critique où tout le manteau neigeux est en train de fondre à grande vitesse. La neige est littéralement « pourrie ». Plus nous avançons, et plus nous avons le sentiment qu'il faut forcer le passage, ne surtout pas s'arrêter. Car les difficultés à se sortir de ce chausse-trappe par nos propres moyens deviendraient alors vraiment réelles.
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Plus bas encore, le manteau neigeux a déjà en partie disparu et laisse deviner les crevasses sous chaque pont de neige restant.
Nous zigzaguons autant que possible sur les bandes de glace grises que nous savons saines, et quand il n'y a plus d'autres issues, nous envoyons des « loops » d'ailes vigoureux en pleine « fenêtre », dans le but de franchir les ponts de neige le plus rapidement possible...
C'est finalement avec soulagement que nous nous dirigeons vers une cuvette où de l'eau de fonte s'accumule en « piscines » bleu lagon : nous y faisons littéralement du ski nautique. Environnement déconcertant, mais le seul risque ici serait de s'étaler dans une flaque...
Un peu plus loin, le vent tombe et nous plions un dernière fois nos voiles. Nous ne sommes plus qu'à 8 km de la côte. Nous tractons maintenant nos pulkas à pied ou à ski sur une glace rugueuse et bosselée, les tirant tantôt comme des forcenés, courant tantôt devant pour ne pas se faire écraser par ces engins encore pesants...
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Une nouvelle descente un peu raide en rive droite du glacier nous amènent au seul endroit où il est possible d'en sortir avant qu'il ne termine sa course au niveau d'un abrupt front glaciaire. Il est 19h30, nous n'avons fait que 6 heures de break ces 26 dernières heures.
Nous bivouaquons là, « à la belle étoile », sur les cailloux de la moraine, ne trouvant aucun emplacement pour poser notre tente. Le temps est menaçant, le coin triste et sordide ; nous essuyons 3 petites averses durant la nuit, mais rien qui ne nous empêche vraiment de dormir...
Le 16 juin au matin, nous enchaînons les aller-retours dans les éboulis de la moraine. A 11 heures, tout le matériel est enfin sur la rive du fjord Qaleraligd, à quelques encablures de l'endroit où nous l'avions quitté 58 jours plus tôt.
Le ciel s'assombrit de nouveau, il pleut déjà quelques gouttes lorsqu'arrive une grosse barque équipée d'un moteur hors-bord de 90 chevaux. L'expédition Wings over Greenland II vient de prendre fin...
Plus nous avançons, plus nous avons le sentiment qu'il faut forcer le passage, ne surtout pas s'arrêter
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Vers 1 heure du matin, le catabatique "prend des tours", et sur cette neige fraichement regelée, nous sommes largement surtoilés. Nous basculons directement sur nos grosses voiles tempête et faisons cap sur une lune désormais pleine. Lumières pastel, instants magiques...
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55 jours que nous sommes emmitouflés sous différentes couches de cagoules intégrales. Nous avons tour à tour le sentiment d'être des scaphandriers, des cosmonautes, des « Darth Vader » (Star Wars). Chaque jour, avant chaque étape, l'habillement est un rite qui nous occupe un certain temps...
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Cela fait peut-être 50 jours que nous voyageons sous un ciel bleu pâle, souvent voilé, dans des lumières tamisées. Signe que nous sommes bien redescendus en latitude, nous retrouvons aujourd'hui des cieux plus contrastés, d'un bleu plus profond, qui se chargent progressivement de cumulus et d'altocumulus lenticulaires, indicateurs de vents forts en altitude.
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jour 55. Pour la première fois, nous nous rapprochons significativement des reliefs. Fascinés par ce spectacle, nous "frolons" les Nunataks Lokes (qui séparent kes glaciers Rinfaxe et Guldfaxe), puis les Skirners Berge qui s’étirent vers la côte est. Nous observons de nombreux pics englacés, séparés par de gigantesques glaciers. Combien de ces sommets ont déjà été escaladés ou skiés dans ces parages ??
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En traversant le bassin de drainage du glacier Heimdal, nous apercevons de grandes crevasses dans l'axe de notre trajectoire. Plus loin encore, un gigantesque et anonyme bassin glaciaire draine les glaces de la calotte vers le fjord Tingmiarmiut : ses pentes sont encore plus crevassées, comportant même des séracs, nous obligeant à dévier notre cap pour ne pas risquer de se trouver piéger dans un tel dédale.
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Pour la première fois depuis 52 jours, nous pouvons à nouveau distinguer, loin à l'est, une banquise compact sur le fjord, autour des îles Ingmikortukajik et Uvtorsiutit, et plus loin encore, la mer libre, d'un bleu sombre. Chambre avec vue !
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Jour 56. Deux nunataks apparaissent sur nos horizons sud et sud-est. Celui au sud, en forme de remparts, s'élèvent assez notamment au-dessus de la calotte (2820 m).
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Il est 2h30 du matin lorsque nous posons les voiles dans un jour déjà renaissant. Nous distinguons maintenant une continuité de nunataks s'étageant entre 2000 et 2300 mètres d'altitude, relativement proches (environ 20 km), à l'est de notre position. Nous n'irons pas plus loin dans cette direction.
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Jour 57. Nous faisons maintenant cap à l'ouest afin de contourner l'immense bassin glaciaire situé dans le nord de la région de Narsarsuaq. Nous passons tout proche du nunatak repéré la veille
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Au lieu de nous glisser dans nos sacs de couchage que nous venons tout juste de déballer, nous prenons la décision de boire un café, de démonter le camp et de repartir sur le champ. Nous dormirons une autre fois...
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Jour 58. Nous sommes arrivés à une altitude critique. Plus nous avançons, et plus nous avons le sentiment qu'il faut forcer le passage, ne surtout pas s'arrêter. Car les difficultés à se sortir de là par nos propres moyens deviendraient alors vraiment réelles.
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Le vent tombe et nous plions un dernière fois nos kites. Nous sommes encore à 8 km du fjord. Nous tractons maintenant nos pulkas à pied ou à ski sur une glace grise, rugueuse et bosselée, tantôt les tirant comme des forcenés lorsqu'elles se bloquent sur une relief ou dans un trous, tantôt courant devant pour ne pas se faire écraser par ces engins pesants et glissants dés que la pente s'accélère à nouveau un peu...
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Une nouvelle descente un peu raide en rive droite du glacier nous amènent au seul endroit où l'on peut en sortir avant qu'il ne termine sa course au niveau d'un abrupt front glaciaire. Il est 19h30, cela fait plus de 9 h que nous progressons sans pause ou presque, et près de 20 heures que nous progressons sur les 26 dernières heures.
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Bivouac "à la belle étoile", sur les cailloux de la moraine, ne trouvant aucun emplacement pour poser notre tente. Le temps est menaçant, le coin triste et sordide ; nous essuyons 3 petites averses durant la nuit, mais rien qui ne nous empêche vraiment de dormir...
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Nous enchaînons les aller-retours dans les éboulis de la moraine. A 11 heures, tout le matériel est enfin sur la rive du fjord, à quelques encablures de l'endroit où nous l'avions quitté 58 jours plus tôt. L'expédition Wings over Greenland II se termine...
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Pour aller encore plus loin
- Second trailer vidéo
- Video Conditionnement nourriture
- SNOWSLED [partenaire]
- FLYSURFER [partenaire]
- Carnets d'Aventures [partenaire]
- Test surbottes 40 Below
- Test tente Helsport Svalbard 5 Camp
- Dossier Propositions Partenariats
- Liste Matériel commun WOG II
- Liste Matériel individuel WOG II
- Route WOG II camp à camp (format KML)